Les réseaux sociaux, danger pour l'équilibre psychologique et affectif ?

Les dangers des réseaux sociaux en général et de Facebook en particulier ont largement été commentés en 2007. On a entendu parler "de perte de productivité en entreprise", de "risque de vol d'identité", "d'espionnage industriel", "d'exposition aux infractions", "de destruction de réputation" ou " de viol de la vie privée"... Mais on entend moins parler d'un autre aspect du danger, moins visible, plus silencieux, à savoir l'impact qu'ont ces nouveaux systèmes sur l'équilibre affectif et psychologique de leurs utilisateurs. Ma petite enquête et mon expérience personnelle comme sérieux candidat à une cure de désintoxication à la networkmania, me font penser que l'usage des réseaux sociaux ne sont pas dénués de danger en la matière. En effet, il semblerait que la première phase, "l'inscription", correspond à une période plus ou moins longue d'euphorie. C'est pendant ce moment que le réseau est le plus attractif : quand les contacts affluent. On retrouve ses meilleurs amis d'enfance, on s'amuse à chercher - et trouver - les photos de son ex-petit(e) ami(e) perdu(e) de vue depuis une dizaine d'années, on se réconcilie avec son meilleur ennemi, on retrouve un associé de longue date avec qui les choses ne s'étaient pas si bien passé que cela... Parfois on retisse des liens avec une famille plus ou moins lointaine et qui réveille les vieux démons enfouis parfois volontairement depuis si longtemps.

Ce bouillonnement soudain et qui dure quelques semaines secoue nécessairement l'individu, le couple, le groupe d'amis qui vivent directement ou indirectement l'expérience. L'effet sur les proches, la compagne, les amis n'est pas neutre. Il est à ce propos très drôle de lire les quelques témoignages glanés ici et sur le net de crises de jalousie, de sentiments de trahison ou d'abandon que provoque l'effraction des "vieux dossiers" dans la vie de tous les jours. 

Au bout d'un certain temps, les choses se calment pourtant. On avait cru trouver une nouvelle vie avec son groupe de copains d'enfance, sa meilleure amie, son amour de jeunesse, mais notre existence a changée. Passée l'euphorie on retrouve ses habitudes, ses amis d'aujourd'hui, son couple, ses collègues mais avec une différence : une nouvelle possibilité d'accéder instantanément à toute cette "mémoire vivante", mémoire qui se prolonge en parallèle dans le présent, à coté de nous, en totale transparence, accessible à tout moment et en tout lieu.

C'est alors qu'intervient la phase d'observation. Sans nécessairement le vouloir, on suit la vie de ces gens que l'on a connu. On voit leurs photos, leur activité quotidienne, leurs états d'âmes, leurs nouveaux groupes d'amis, leur nouveau compagnon, leur solitude... Ces possibilités nouvelles de surveillance instantanée et permanente donnent un étrange "sentiment d'omniscience" : que mon entourage sache tout de moi et que je sache tout de mon entourage ! C'est là que le doute s'installe : la transparence totale et la disparition des "digues" entre vie intime, vie privée et vie publique, seraient-elles dangereuses pour l'équilibre affectif et psychologique ? Poussées à l'extrême l'accessibilité et la transparence décuplent les possibilités de délires et peuvent parfois mener au pires crises : érotomanie, persécution,  jalousie, revendications... Et cela a un nom : la paranoïa. Certes, il ne s'agit pas ici de dire que Facebook en particulier et les réseaux sociaux en général rendent nécessairement paranoïaque. En revanche, il y a fort à parier que d'ici peu nous allons commencer à entendre parler d'affaires de "pétage de plombs" dus à des abus sur ces réseaux.