Les bienfaits inattendus de l’Apple Watch... 

Comme plusieurs millions d’early adopters sur la planète, je cédais, le 10 avril dernier, à la tentation de commander une Apple Watch ! Un mois plus tard elle m’était livrée. Une belle boite blanche, cachant un de ces bijoux éphémères que seule la firme à la pomme sait créer. Le premier contact avec l'objet est agréable. De très belle facture, la promesse est au rendez-vous. Après une journée d’expérimentation, la magie opère : la montre est jolie, étonnamment ergonomique, réactive et surtout d’une autonomie largement à la hauteur de mes attentes (je finis les journées avec 40% de batterie). La surprise dépassée (la surprise qu’on se fait et celle qu’on fait aux autres), arrive le moment de vérité. A quoi sert ce nouvel écran ? La réponse est simple : (aujourd’hui) à rien ! L’interface est beaucoup trop petite pour être lisible, l’offre applicative quasi inexistante, les fonctionnalités proposées sont sans grand intérêt et passée la fierté puérile, pour ne pas dire débile, de porter un objet encore rare, rien ne me pousse à conserver au poignet ce gadget acheté le prix de 1000 paniers repas aux Restos du Coeur !

S’il n’y avait qu’un bénéfice secondaire à tirer de cette expérience, ce serait la prise de conscience de mon addiction dure aux réseaux sociaux. Laissez-moi vous expliquer comment la Watch m’a fait littéralement toucher du doigt cette dépendance. Ceux qui auront expérimenté l’usage d’une montre connectée, ne serait-ce que quelques jours, vous diront tous que l’objet est une extension de votre smartphone : celui-ci reste dans votre poche et la montre, elle, vous permet de consulter vos alertes à une fréquence encore plus importante que d'habitude. Or, il s’avère qu’à ce jour la Watch ne propose pas d’application dédiée pour accéder à Facebook et que Twitter n’est disponible que dans une version très rudimentaire et totalement inefficace. Par conséquent, les seules alertes auxquelles j'ai accès avec la Watch sont mes emails, SMS et appels téléphoniques. Vous me direz, c’est déjà trop ! Et pourtant, après une semaine d’usage intensif, le manque que j’ai ressenti le plus fort a été était du à l’impossibilité d’accéder aux notifications Facebook et Twitter. En moyenne, tous les quarts d’heure, je jetais mécaniquement un oeil à la montre, prenant conscience de l’absence de notification sociale, me rabattant sur mes mails, et dégainant finalement mon iPhone pour littéralement prendre ma dose de dopamine….

Car j’ai bel et bien découvert que je suis dépendant à la dopamine, comme la plupart d’entre vous qui me lisez aujourd’hui depuis un post Facebook ou Twitter ; une dépendance équivalente à celle que ressentent les fumeurs, quand, mécaniquement ils cherchent au fond de leur poche le paquet de clopes qui va leur fournir un pic nicotinique. Le lien entre dépendance à la nicotine et celui à la dopamine a été largement étudié par le passé et les études sur le mécanisme de dépendance développé par Facebook apparaissent dans les revues scientifiques depuis quelques temps.

Alors que faire ? Et bien, j'ai tout simplement commencé par renvoyer cette satanée montre à son créateur. Elle part demain en remboursement chez Apple. Ensuite, j’ai pris soin de désinstaller Twitter et Facebook de mon Iphone. Et je peux vous assurer que le sevrage n’est pas simple du tout. Je continue, tous les quarts d’heure environ, à prendre conscience du manque lié à l’affichage de la « pastille rouge », synonyme de notification et pic de dopamine. Je me suis même surpris, le temps d’une demi heure, à réinstaller ces maudites apps, pour jeter un oeil aux réactions, suite à un passage dans une émission de radio ce week-end... Je continue à tenter la désintox par petites touches. Evidemment l’idée n’est pas de me déconnecter totalement du réseau, j’en ai « professionnellement besoin » (vous noterez l’analogie avec l’alcoolique tenancier de bar), mais plutôt de tenter de contrôler les effets de cette mauvaise habitude sur mon comportement, mon humeur… ma santé. On en reparlera dans quelques semaines. Quoi qu’il en soit, si l’Apple Watch a un intérêt, vous l’aurez compris, il réside surtout dans son inutilité !