L’Homme au 21e siècle, en 2 prophéties, 4 étapes et une évidence

Aucun, des transhumanistes et des bio-conservateurs, n’accepte l’Homme tel qu’il est : les premiers parce qu’il est limité et les seconds parce qu’il succombe à l’extension de sa puissance…

À l’aube du nouveau millénaire, comme aux premières années de l’an mil, les Hommes s’enivrent de prophéties. Or depuis une dizaine d’années, nous en voyons émerger pléthores. Parmi les plus répandues, il y en a deux sur lesquelles je vous propose de nous attarder.

La première, bio-conservatrice, décliniste, dystopique, est construite sur le constat de trois crises simultanées : le dérèglement climatique, l’emballement régulier des mécanismes de régulation économique et financiers et plus généralement l’incapacité pour l’Homme de maîtriser la complexité croissante des systèmes qu’il a créés. Ce tsunami, superposition de trois vagues sous-jacentes, nous mènerait d’ici quelques années, comme le dit Paul Jorion dans ses écrits, à une chute mortelle comparable à celle des troupeaux de lemmings qui se jettent du haut de leur falaise !

La seconde prophétie, transhumaniste, à l’inverse, promet vie éternelle et abondance aux Hommes du 21e siècle ! Elle invite à embrasser les avancées exponentielles de la technologie et à accepter avec sérénité l’évolution choisie d’une humanité 1.0 terrestre faite de chair et de sang vers une humanité 2.0 universelle faite de silicium et de photons…

Cette deuxième prophétie prend racine dans les fantasmes de la Silicon Valley. Parmi ses prophètes on retrouve le sémillant Peter Diamandis, auteur des best sellers Bold et Abundance. Dans une tribune, il décrivait comment l’Homme pourrait, en quatre étapes et trente ans seulement, connaitre une évolution comparable à celle des… 3,5 milliards dernières années !

En effet, comme le rappelle Diamandis, il y a 3,5 milliards d’années nous n’étions que des organismes monocellulaires, des sacs de cytoplasmes dans lesquels flottaient de l’ADN. 2 milliards d’années plus tard ces organismes monocellulaires se dotaient d’une technologie capable de manipuler énergie (mitochondries) et information (chromosomes). Il y a 1,5 milliard d’années nous commencions à devenir des organismes multicellulaires capables de coopérer et de constituer des êtres vivants complexes. Il y a 400 millions d’années, des animaux amphibies quittaient leur habitat (les océans) pour peupler les terres et démarrer un nouveau cycle d’évolution.

Peter Diamandis voit dans cette évolution en quatre étapes, une similitude avec ce que nous vivrons dans les trente prochaines années, 100 million de fois plus rapidement ! Première étape, les humains actuels seraient comparables aux premières formes de vies monocellulaires. Seconde étape, en intégrant de nouvelles technologies, nous deviendrions largement plus efficaces pour traiter information et énergie. Troisième étape, nous devrions commencer à nous interconnecter massivement grâce aux biotechnologies et à l’intelligence artificielle comme ont pu le faire les premières formes de vie multicellulaires il y a 1,5 milliards d’années. Quatrième étape, nous pourrions sortir de notre environnement naturel et devenir une espèce colonisant d’autres planètes comme l’ont fait à leur échelle les premiers amphibiens qui ont peuplés les rivages il y a 400 millions d’années.

Transhumanistes et bio-conservateurs sont opposés dans leur façon d’appréhender le futur de l’humanité. Les premiers osent réaliser le rêve démiurgique de l’Homme. Les seconds ne supportent pas que l’Homme puisse céder à ses fantasmes les plus secrets, dépasser ses limites, celles de son environnement et de ses propriétés organiques… de peur qu’il ne périsse. Finalement ces deux prophéties ne disent qu’une chose, évidente : le 21e siècle devrait voir disparaître l’Homme tel que nous le connaissons…