Et si le réel devenait un luxe ?

Les casques de réalité virtuelle sont devenus de plus en accessibles et sophistiqués. Bientôt, ils pourraient devenir des outils aussi répandus que les ordinateurs. Nous passerions alors la majorité de notre temps dans des échanges virtuels, aussi bien pour le travail que pour nos loisirs.


Publié dans les Echos le 9 févr. 2021

En seulement vingt-cinq ans, les dispositifs de réalité virtuelle et augmentée ont vu leur capacité évoluer de façon exponentielle. Aujourd'hui, un casque autonome, qui coûte 400 euros et pèse 300 g, propose une expérience incomparablement plus réaliste qu'un dispositif de laboratoire de plusieurs centaines de milliers de dollars pesant 10 kg en 1995 ! Entre aujourd'hui et 2035, cette évolution devrait continuer à suivre une croissance exponentielle.

Marché de la télé-présence

Plusieurs signaux préfigurent une démocratisation de l'usage de ces technologies à l'horizon d'une décennie. Apple, qui est l'acteur par lequel les révolutions technologiques ont touché le plus grand nombre depuis vingt ans, a annoncé l'an passé la commercialisation d'un nouveau dispositif de réalité mixte d'ici à 2022. La semaine dernière, plusieurs rumeurs ont évoqué la sortie d'un casque très haut de gamme, à 3.000 dollars. A la fin de la décennie, la simulation d'autres sens pourrait compléter l'expérience virtuelle comme le goût, l'odorat, la kinesthésie…

Depuis le début de la pandémie, nous avons compris que travailler, apprendre, nous divertir à distance était tout à fait possible. Le marché de la télé-présence gagne en maturité et la perspective d'une virtualisation massive des échanges nous semble de plus en plus plausible. A mesure que la démographie augmente, que le climat se dérègle, que les espaces de vie se raréfient, l'alternative d'un monde composé d'espaces virtuels, sans limite, personnalisables et accessibles pour un prix infiniment plus réduit que dans le monde physique, devient possible grâce à la simulation.

Paradis virtuels

Imaginez qu'en 2035, la vie dans ces mondes numériques devienne la norme. Imaginez que nous vivions dans des paradis virtuels, miroirs déformés d'une réalité plus ou moins sauvage et laissée à l'abandon, car trop coûteuse à entretenir. Imaginez des espaces physiques réduits au strict minimum et des univers virtuels en abondance. Dans un scénario comme celui-ci, l'économie du monde physique serait bouleversée. Les acteurs de l'immobilier, des transports, du tourisme et bien d'autres encore devront se réinventer. La rareté du réel en ferait un luxe. Alors, à quoi ressemblerait votre métier ?