Les machines pourront-elles financer l'humanité ?

Un bouleversement sans précédent s’opère depuis quelques mois dans l’univers de la finance avec la démocratisation des cryptomonnaies. Les ICO (« initial coin offering »), ces levées de fonds en monnaies virtuelles, se multiplient comme les pains, le montant de ces opérations atteint des centaines de millions de dollars pour des projets en phase de lancement, la volatilité sur les nouveaux marchés qui en découlent en devient surréaliste et le flot d’investissement ne cesse d’augmenter. Point d’orgue de ce phénomène, le cours du Bitcoin a été multiplié par trois en un trimestre, passant de 2.000 dollars à plus de 6.000 la semaine passée.

Que dit ce phénomène sur le futur de nos économies ? Des plateformes d’échanges électroniques comme l’européenne HitBTC, l’américaine Poloniex ou la chinoise DaBTC permettent la création de nouveaux écosystèmes. Parmi eux émergent des plateformes de trading automatique permettant à des investisseurs de louer les services de bots, développés pour suivre différentes stratégies d’investissements sur différents supports. Autrement dit, pour quelques dizaines ou centaines de dollars par mois, des développeurs vous proposent leurs algorithmes, gestionnaires de patrimoine et traders virtuels qui achètent et vendent en temps réel des cryptomonnaies sur les plateformes du monde entier avec la promesse de faire fructifier votre capital. Cryptotrader, une des premières solutions cloud, héberge des dizaines de bots proposant des stratégies de long terme ou intraday, avec possibilité d’achat et vente à découvert…

Personne ne sait qui se cache derrière les développeurs de ces robots de trading et quels intérêts ils servent réellement. La volatilité de ces marchés est telle que les gains et les pertes peuvent être très violents en quelques jours seulement. Mais ces services ont en revanche un immense intérêt, celui de nous laisser percevoir l’aube d’une nouvelle économie. Une économie constituée de machines plus ou moins intelligentes, capables de « travailler » et faire fructifier un capital pour leur concepteur. C’est exactement ce que Robin Hanson prédit avec une grande précision dans son livre monument, « The Age Of Em », lorsqu’il décrit une société où les humains ne travailleraient plus et bénéficieraient de la valeur créée par les robots.

Publié dans Les Echos le 7/11/2017