Climat : troquons 1,5 °C contre 2 %

Pour limiter le réchauffement climatique de la planète, l'objectif de 1,5°C a été fixé. Pourquoi ne pas fixer aussi un objectif de dépenses publiques ? Le chiffre, en outre, ne serait pas aussi élevé qu'on pourrait le croire…


Publié dans les Echos le 28 juin 2022

Quel est le niveau d'investissement annuel en technologies vertes et en infrastructure nécessaire pour mettre un coup d'arrêt au changement climatique ? Il n'est ni de 50 %, ni de 30 %, ni même de 10 % du PIB mondial… Selon Yuval Noah Harari, il est de l'ordre de 2 % ! C'est un infime pourcentage de la production de richesse annuelle mondiale.

Dans une tribune diffusée sur le site TED.com le 18 juin dernier, Yuval Noah Harari égrène en une dizaine de minutes les arguments en faveur d'une nouvelle approche pour contrer la crise climatique. Il rappelle que ces dernières années, nous avons appris à définir les objectifs de lutte contre le dérèglement climatique en utilisant un seul chiffre qui quantifie le problème : 1,5 °C .

Quantifier la solution

Désormais, nous pouvons également quantifier la solution : 2 %. Ce chiffre représente certes une estimation grossière, mais elle reste un ordre de grandeur autour duquel la plupart des experts convergent.

Harari souligne, à titre de comparaison, qu'en 1945, les Etats-Unis ont utilisé 36 % du PIB pour gagner la Seconde Guerre mondiale. Il ajoute que, pendant la crise financière de 2008 et 2009, le gouvernement américain a dépensé 3,5 % du PIB pour sauver les institutions financières. Il rappelle que les neuf premiers mois de 2020, les gouvernements du monde ont annoncé des mesures économiques équivalentes à quasi 14 % du PIB mondial pour gérer la crise du Covid . Pour achever sa démonstration, il nous apprend que les gouvernements dépensent 500 milliards de dollars annuels dans des subventions pour les hydrocarbures et que ce coût approche les 7 % annuels du PIB mondial si on prend en compte les coûts sociaux et environnementaux causés par l'industrie des hydrocarbures !

Choisir les bonnes priorités

En somme, pour sauver l'environnement, il n'est pas indispensable de stopper l'économie ou d'abandonner les accomplissements de la civilisation moderne. Il suffit de choisir les bonnes priorités. Après une décennie de prise de conscience trop lente mais réussie, les discours axés sur les dangers, la peur et les risques ne suffisent plus, nous sommes entrés dans l'ère des solutions et c'est la force du message : troquons 1,5° contre 2 % !