Présidentielles : le temps de la disruption
A quoi reconnaît-on les « disrupteurs » ?
Les disrupteurs restent longtemps sous le radar. Dans une période de forte volatilité ils grandissent subitement de manière exponentielle pour apparaître soudainement, comme venus de nulle part, en raflant la mise et en mettant en péril les acteurs les plus puissants et installés du secteur.
Ils remettent en question les méthodes traditionnelles. Ils désintermédient et contournent les structures et intermédiaires traditionnels. En créant des plateformes, ils mettent en relations directement entre elles les parties prenantes (clients et fournisseurs, fournisseurs et fournisseurs, clients et clients).
Ils construisent des écosystèmes ouverts de partenaires, où même des concurrents se croisent parfois pour coopérer… Ils s’incarnent dans une marque portant une mission claire auxquelles les parties prenantes adhérent et trouvent leur intérêt.
Ils tentent de limiter les effets du système immunitaire de l’ancienne organisation. C’est pour cela qu’ils restent le plus longtemps possible indépendants, autonomes, loin des circuits traditionnels et grandissent de manière frugale, par leurs propres moyens. Jusqu’au moment où ils deviennent assez puissants pour renverser les règles du jeu.
Ils sont centrés sur “leurs utilisateurs”, pas sur eux-mêmes. Ils évoluent de manière agile en étudiant finement les attentes de leurs cibles afin de s’adapter au mieux.
Ils n’ont pas peur de l’échec, et n’ont pas grand-chose à perdre. Ils prennent des risques qu’une structure traditionnelle ne peut pas prendre.
Enfin, ils n’hésitent pas à tuer les vaches sacrées, les piliers sur lesquels reposent l’ancien système.
Jacques Juliard évoque dans le Figaro “l’heure du centre” et s’interroge sur l’arrivée probable des centristes au pouvoir. Il explique ce phénomène par l’apparition soudaine d’une configuration résultante des primaires, qui a pour effet de radicaliser droites et gauches et de laisser un boulevard au centre à Emmanuel Macron dont la victoire est désormais possible.
Certes.
Mais cette analyse masque un phénomène plus profond : les grands partis politiques, tels les grands groupes, sont mis à mal par des acteurs qui essaient de les disrupter de l’intérieur comme de l’extérieur. Dans un environnement à volatilité extrême comme celui dans lequel nous sommes entrés, les acteurs traditionnels ont peu de choix devant eux : tenter de résister et mourir, s’adapter en rejoignant le mouvement pour survivre, tenter de faire semblant en adopter les postures du changement ou basculer et jouer à fond le jeu de la transformation.
Si vous passez en revue les différentes stratégies des candidats en course depuis six mois, au regard de ce qu’est une organisation qui disrupte, vous vous rendrez compte que certains se griment en startups de la politique en adoptant les postures sans changer leur logiciel, d’autres voient en leur sein émerger des “intrapreneurs” osant remettre en question les féodalités et l’ordre établis sans véritablement y parvenir car ils sont neutralisés par le système immunitaire qui les entoure, d’autres enfin adoptent la posture des “pure-players” venus de nulle part, prennent tous les risques, pour tenter d’imposer un nouveau modèle.
Je ne vous ferais pas l’affront de remplir les cases en revanche je vous laisse aisément imaginer ceux qui incarneront les Yahoo, Kodak et Uber de cette élection avec les bénéfices et les méfaits qui en découlent…