L'IA ou la fin du raisonnement pur
Hier, suite à une conférence donnée sur le thème de l’impact de l’IA sur nos vies et au détour d’une conversation avec des acteurs de l’économie réelle – en l’occurrence du secteur du bâtiment – nous nous sommes étonnés à quel point les modalités de compréhension du monde étaient altérées depuis quelques années.
En effet, à l’heure des grands nombres, de la bigdata et de l’IA par apprentissage profond, nous oublions petit à petit ce qui nous a permis de décrypter les lois de l’univers depuis la révolution scientifique : le raisonnement logique. Il est clair que depuis quelques années la statistique semble avoir pris le pas sur la logique. Certains diraient la corrélation supplante la causalité. Nous nous satisfaisons désormais de la véracité d’une loi par sa vérification sur un grand nombre de données plutôt que par l’exercice de la démonstration. À ce rythme, il suffira que la même bêtise se répète un milliard de fois pour qu’elle devienne une vérité ! Étrange écho aux phénomènes populistes, au développement des fake news, aux bulles cognitives dont on parle de plus en plus au coeur des sociétés les plus développées.
L’usage massif des réseaux de neurones est la manifestation de cette dérive qui finira par déléguer notre intelligence à des boîtes noires dont on ne connaîtra rien de la logique interne. En délaissant l’art de la démonstration mathématique, autrement dit la recherche de la causalité, et en lui préférant la corrélation et la loi des grands nombres nous cédons à la facilité offerte par les capacités de calcul exponentielles. Nous perdons un des héritages majeurs de la révolution scientifique : la recherche de la vérité par le raisonnement pur, réservée jusqu’à maintenant aux seules intelligences humaines.