Bitcoin, crypto-monnaies, voici pourquoi la France doit être leader de leur adoption
Nous avons raté, dans les années 90 l'avènement d'Internet, nous ratons depuis quelques années, celui de l'intelligence artificielle, ne ratons pas la démocratisation de la blockchain.
Interrogez notre secrétaire d'Etat chargé du numérique sur l'apparition des crypto-monnaies et leur rôle dans l'économie de demain, il vous parlera du risque pour climat!
Utiliser le climat, qui est évidemment un sujet majeur, pour balayer du revers de la main un phénomène qui dans les prochaines années pourrait rebattre les cartes du financement de l'innovation, révolutionner nos systèmes financiers et poser les bases de nouveaux modes d'organisations ouverts et décentralisés, est suicidaire... La France fait figure de pays en voie de développement en matière de crypto-monnaies. Au même moment la Chine la Russie et les USA avancent à une vitesse vertigineuse.
Aujourd'hui la capitalisation totale du marché des crypto-monnaies se rapproche des 700 milliards d'euros. Par rapport à la capitalisation du dollar, autour de 3 500 milliards, elles sont au stade embryonnaire. Mais leur potentiel de croissance est astronomique. Depuis quelques mois la courbe d'adoption s'approche de l'asymptote exponentielle. Leur capitalisation potentielle à l'horizon 2020 dépasse cinq fois celle du dollar! Nous sommes donc dans le creux de la vague et c'est le moment de réagir.
Quelles solutions s'offrent donc à nous pour bénéficier de cette opportunité?
Tout d'abord il nous faut créer les conditions d'une adoption saine et sécurisée des crypto-monnaies. L'AMF a lancé, au printemps, dernier une consultation à propos de leur usage pour l'investissement. Il en ressort des premières pistes de réflexion consistant à mieux sécuriser les levées de fonds en crypto-monnaies pour les faciliter et les démocratiser. Les principales mesures permettraient de promouvoir des bonnes pratiques, étendre le champ des textes existants pour appréhender ces mécanismes comme des offres de titres au public et anticiper la proposition d'une législation nouvelle et adaptée.
Ensuite, nous pouvons provoquer un appel d'air de liquidités par simplification fiscale. Les crypto-monnaies sont aujourd'hui taxées comme des plus-values commerciales. A tel point que les porteurs individuels sont confisqués de 65% de leur plus-value. Au regard du potentiel d'adoption, des capacités extraordinaires de financement de l'innovation et de l'attraction des gros porteurs désirant investir en France, notamment depuis le Brexit, il serait criminel de ne pas saisir l'occasion. Un alignement de la fiscalité sur la taxation des valeurs mobilières avec un forfait autour de 30% serait idéal. Évidemment la question des risques de blanchiment reste entière et pourrait être traitée au cas par cas, sachant que le nombre de très gros porteurs (plus de 300 millions de dollars en crypto-monnaies) se compte en dizaines dans le monde.
Enfin nous pouvons mettre en oeuvre une politique volontariste de promotion de l'écosystème blockchain européen. Les applications actuelles dans le domaine des fintechs sont majeures et nous devons faciliter l'accueil des investisseurs du secteur en valorisant l'écosystème français et en prenant la direction d'un programme européen sur ce thème. Mais au delà de ces applications, nous pourrions ainsi préparer la deuxième phase qui est celle de la démocratisation de la technologie blockchain et faire de l'Europe un pionnier dans le monde.
Nous avons raté, dans les années 90 l'avènement d'Internet, nous ratons depuis quelques années, celui de l'intelligence artificielle, ne ratons pas la démocratisation de la blockchain. Les organisations de demain seront bouleversées par cette technologie et nous avons encore la chance de pouvoir être leader sur ce marché.
Publié sur Huffpo.fr le 5/1/2018