Pour une révolution de la formation professionnelle
Les start-up « edtech » proposent déjà une multitude d'outils numériques pour améliorer la formation professionnelle. Mais la véritable révolution viendra de l'application des neurosciences pour améliorer l'expérience d'apprentissage.
Le patron de Microsoft, Satya Nadella, considère que le principal défi au sein des entreprises est de passer du statut de sachant à celui d'apprenant. La rapidité de l'évolution de notre monde est telle que l'apprentissage tout au long de la vie est bien devenu une évidence !
Or les offres de formation professionnelle, bien que pléthoriques, n'ont pas encore subi de révolution. Certes, de nouvelles solutions technologiques font leur apparition. Les « edtech " dédiées aux entreprises se développent. C'est le cas par exemple de Smart-up, Docebo ou ShawAcademy, qui proposent des services de « digital learning », de MOOC ou d'apprentissage par la « gamification ". D'autres utilisent des dispositifs de réalité virtuelle ou augmentée. Enfin, des initiatives basent une partie importante de leurs programmes sur des échanges par visioconférence avec des experts.
Une autre approche, plus prometteuse, moins centrée sur les outils technologiques et plus révolutionnaire, est en train d'émerger. Elle se base sur les avancées des sciences cognitives pour réinventer les principes pédagogiques et l'expérience d'apprentissage. C'est ce que souligne Stanislas Dehaene lorsqu'il affirme la nécessité de comprendre comment notre cerveau fonctionne lorsque nous apprenons, et insiste sur l'importance de réapprendre à apprendre !
Dans son dernier livre, « Learn Better », Ulrich Boser, chercheur et expert en pédagogie, adopte une approche similaire. Il nous fait découvrir les étapes indispensables à l'acquisition de compétences, comme la nécessité de surprendre, de provoquer l'attention et l'intérêt ; le besoin de définir des objectifs qui ont du sens ; l'efficacité de l'apprentissage par l'expérience et l'erreur ; l'effet de l'inversement des rôles et la prise de conscience qu'enseigner à son tour ce que l'on vient d'apprendre est une méthode très efficace pour intégrer des compétences ; l'importance de la socialisation, du débat et de la controverse...
Bref, Ulrich Boser invite les acteurs de l'éducation à imaginer de nouvelles formes d'apprentissage tout au long de la vie. Il appelle à inventer de nouvelles expériences pédagogiques, interdisciplinaires, festives, ouvertes, communautaires, sociales, connectées, régulières et intégrées à nos vies quotidiennes.
Le marché de la formation professionnelle représente 32 milliards d'euros par an en France. Un bouleversement des pratiques et des offres est en marche, et il dépasse de loin le développement de gadgets numériques et le marketing technologique.
Publié dans les échos le 4 juin 2018