Et si le numérique réindustrialisait la France ?
Publié dans les Echos le 12 mars 2013
Dans son livre « Everyware » (2006), Adam Greenfield inventait le terme d'ubimédia pour décrire l'omniprésence du numérique et des réseaux. L'ubimédia englobe les contenus digitaux, les terminaux numériques, les dispositifs d'interactions, les agents intelligents ambiants, les capteurs... bref, tout ce qui est numérique, connecté et qui envahit de plus en plus notre quotidien - on parle aujourd'hui d'« Internet des objets ». Cet Internet-là, dont nous ne percevons que les prémices, connecte nos objets de tous les jours, nos habitats, nos vêtements... Un marché promis à un bel avenir : les analystes prévoient une multiplication par cinq du nombre d'objets connectés à horizon 2020, soit plus de 50 milliards de terminaux sur la planète. Parmi ces 50 milliards, 30 milliards restent à inventer. Nous n'en connaissons ni la forme ni l'usage.
La France a la chance extraordinaire d'être un acteur qui compte dans ce marché. En effet, trois start-up françaises se positionnent parmi les sociétés les plus innovantes de l'Internet des objets : Parrot, Withings et Sigfox. Cela n'est pas un hasard, car nous avons été des précurseurs dès 2007, avec un projet français qui a fait le tour du monde : le Nabaztag, ce lapin blanc connecté édité à l'époque par la société Violet. En 1982, déjà, le Minitel avait fait de la France une terre pionnière en matière de réseau de données grand public. En 1996, cette même France a pourtant perdu la bataille pour le leadership des réseaux avec l'arrivée de l'Internet mondial. Nous nous apprêtons à connaître, encore une fois, une révolution digitale et avons plusieurs atouts pour y jouer un rôle prépondérant. Tout d'abord, la force de la marque France à l'étranger, synonyme d'élégance et de qualité - des critères de différenciation clefs sur le marché du digital. Ensuite, le gouvernement affiche depuis peu une réelle volonté politique de réindustrialisation, notamment en mettant en valeur notre capacité d'innovation. Il nous reste à penser à l'échelle globale, en nous appuyant sur des accords entre acteurs européens. Et, surtout, à convaincre les grands groupes et les industriels d'investir dans ce nouveau domaine.