Pour la création d'un métavers e-France

Faire un jumeau numérique de la Joconde ou même des principaux monuments de Paris sera bientôt possible dans le métavers, avec des retombées économiques qui bénéficieraient à bien des secteurs, explique Michel Lévy-Provençal.


Publié dans les Echos le 6 déc. 2021

En mai 2020, un entrepreneur du numérique français, Stéphane Distinguin, proposait l'idée de vendre la Joconde pour financer les mesures contre la crise sanitaire. Depuis, cette proposition qui paraissait folle est devenue tout à fait réalisable grâce à l'usage courant des NFT et à l'explosion du marché de l'art numérique qui en a résulté.

Aujourd'hui, nous pourrions aller plus loin en imaginant que l'Etat français saisisse l'opportunité de l'économie du métavers pour proposer au monde de ne pas seulement investir dans la Joconde, mais dans le patrimoine français tout entier. Il s'agirait de créer un jumeau numérique de notre territoire, de ses villes, ses villages, son patrimoine naturel et culturel au-dessus desquels nous bâtirions une infrastructure de services accessibles aux quatre coins du globe, par tous et en un clic.

Opportunité culturelle et économique

Jean-Michel Jarre plaidait la semaine dernière dans une tribune pour la création d'un métavers français. Il a raison d'insister sur l'opportunité culturelle d'un tel projet, mais c'est en réalité une opportunité économique qui dépasse le secteur culturel. Doté d'une monnaie virtuelle, d'un registre foncier numérique et d'une infrastructure de services ouverte, un tel métavers bénéficierait à tous les secteurs : services publics, éducation, immobilier, commerce, finance… 

Comment pourrait-on lancer un tel projet ? En s'inspirant de l'initiative de la ville de Séoul, qui a lancé ce mois-ci la création du premier métavers public de l'histoire. Son ambition consiste à numériser la ville afin de proposer des services publics à ses administrés, pour ensuite ouvrir à des usages plus larges. L'échelle de la ville est probablement la bonne pour lancer une telle initiative. En France, nous pourrions nous appuyer sur un premier prototype coordonné par Bercy et une ville à la fois visionnaire et emblématique pour son patrimoine ? Des mairies comme celle de Paris ou plus petites et plus agiles, comme Versailles ou Fontainebleau, pourraient être de parfaites candidates.