Une décennie pour transformer le monde
Ce billet est ma chronique prospective mensuelle publiée dans Les Echos le 6 janvier 2015. La révolution que le mobile a provoquée dans nos vies quotidiennes n'est qu'un aperçu des innovations radicales qui transformeront le monde dans les dix à quinze prochaines années. Robotique, intelligence artificielle, impression 3D, nanotechnologies et biotechnologies vont sortir d'une longue période d'évolution silencieuse pour atteindre un point de bascule. Et la décennie qui vient sera une période de très grands déséquilibres, avec la force transformatrice de plusieurs Gutenberg simultanés.
Dans une quinzaine d'années, on estime que 40 % des entreprises du Fortune 500 auront disparu et que 2 milliards d'emplois seront à réinventer. Cette perspective est certes angoissante. Elle est aussi exaltante, car elle promet de contribuer à résoudre de nombreux défis auxquels l'humanité fait face. Une poignée de fortunés ont déjà commencé à mettre la croissance exponentielle de la technologie au bénéfice de l'environnement, de l'éducation, de la santé, de la sécurité, de la solidarité et de la conquête de nouveaux territoires.
C'est le cas de Bill Gates qui oeuvre contre le paludisme via sa fondation ou de Larry Page et Sergei Brin qui multiplient, via GoogleX, les initiatives liées aux transports, à l'accès à Internet pour le plus grand nombre et à la prolongation de l'espérance de vie. C'est aussi l'ambition d'Elon Musk, qui, avec Tesla, SolarCity et SpaceX, révolutionne notre relation aux énergies fossiles et prépare les prochaines expéditions spatiales.
Mais la plus exaltante des promesses est encore plus ambitieuse. Elle se nourrit de la démocratisation massive des technologies, du développement croissant de l'économie du partage et de la société du sens, de la diffusion instantanée et planétaire des savoirs et de la capacité croissante de connexion qui donnera la possibilité à la grande majorité des Terriens de prendre part à cette mutation, en se regroupant en communautés puissantes et actives sur le réseau. Il y a mille ans, seul le roi avait la capacité de changer le cours des choses, depuis un siècle, ce pouvoir revient au patron d'industrie, dans la décennie qui vient, c'est l'individu qui héritera de cette opportunité et de cette responsabilité.