2015 : l’espoir d’une année positive
2015 : l’espoir d’une année positive
Je n’oublierai jamais ce mercredi matin, il y a une dizaine d’années, que j’ai passé avec la rédaction de Charlie Hebdo. Philippe Val ouvrait régulièrement la conférence de rédaction à ses lecteurs. Tignous, Charb, Cabu, Wolinski, même Cavanna étaient là. Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est probablement ce jour là, chez Charlie Hebdo, dans un journal (dit) satirique, que j’ai fait le choix de quitter mon métier pour rejoindre l’univers de la presse et des médias. Quelques années plus tard, l’ingénieur que j’étais quittait un monde ennuyeux pour vivre une passion : accompagner la création de Rue89, celle de France 24, puis la transformation de RFI et le lancement de TEDxParis…
Mercredi dernier douze sentinelles sont tombées. Elles représentaient ce qui nous unit tous depuis Les Lumières. Le droit de remettre en question, critiquer, parodier, les croyances, les religions, les rois et les chefs qui font et défont nos vies banales. Deux jours plus tard, 17 innocents perdaient la vie.
L’année 2015 commençait pourtant bien. J’étais optimiste en lisant certaines bonnes nouvelles. Saviez-vous qu’en 2014 :
le premier vaccin expérimental contre le virus Ebola a passé avec succès un premier test clinique,
les USA ont initié un rapprochement historique avec Cuba,
un dépistage précoce du cancer du poumon a été élaboré en France,
une simple prise de sang permet de dépister 13 types de cancer,
nous avons réussi à poser une sonde sur une comète à 500 millions de kilomètres de la Terre,
la couche d’ozone est en bonne voie de guérison,
100 millions de personnes ont été sauvées de la faim en 10 ans,
la France est championne du monde du drone civil,
nos startups commencent à rivaliser avec celles de la Silicon Valley
et un français sur deux est prêt à s’occuper de personnes âgées…
#GénérationCharlie : Photo prise dimanche, avenue de la République.
Mais mercredi, jeudi et vendredi ont été un véritable cauchemar. Nous avons sombré, palier après palier, au fond du trou, noyés par une succession d’horreurs dont seule la lie de l’humanité est capable. Dimanche, la lumière est subitement revenue. Le deuil n’est pas fini et nous allons probablement vivre sous la menace de répliques pendant encore quelques temps. Mais la mobilisation que nous avons vécu montre combien l’action individuelle, simple, locale et virale peut changer notre perception du monde et donc le monde lui-même. Comme beaucoup j’étais dans la foule anonyme qui a défilé dans Paris. J’y ai vécu des moments d’une puissance rare, avec parfois les larmes aux yeux. Cette journée nous a fait un bien fou après une semaine suspendue. Elle nous fait espérer que l’année sera peut-être plus positive que nous l’avions cru les jours précédents. C’est en tout cas le voeu que je fais pour 2015 : que l’espoir d’une année positive devienne réalité.