Le tourisme en 2030

La France, première destination touristique du monde, doit adapter son offre et ses infrastructures pour bénéficier pleinement de la révolution numérique pour le secteur. D'autant que ce marché est en croissance ininterrompue : il y avait 25 millions de touristes internationaux dans le monde en 1950, environ 1 milliard en 2015, mais 2 milliards sont attendus en 2030 et plus de 4 milliards en 2050. Le coeur de la croissance viendra des pays émergents, Inde, Asie et Afrique en premier lieu. Plongeons-nous dans ce futur en imaginant le séjour d'une famille indienne en France au début des années 2030, à l'aune des promesses des futurologues. Les vols supersoniques mettront Delhi à quatre heures de Paris. Les robots bagagistes et les voitures autonomes seront devenus la règle. Pour les touristes étrangers, la baie de Somme sera bien préférable à la Côte d'Azur, caniculaire en période estivale. Les vacances seront organisées par un assistant artificiel, sur la base des préférences et aversions de chaque membre du foyer. Le logement sera loué directement auprès d'une famille française - une pratique devenue la norme dans un monde ou Airbnb sera le numéro un mondial de l'hébergement. Pas même besoin de rencontrer les hôtes : un robot-majordome accueillera les visiteurs et planifiera leurs excursions, qui pourront être partagées en direct, via un casque immersif, avec leurs amis restés en Inde. Evidemment, le futur ne ressemble jamais totalement à ce que l'on a imaginé. Ce début de scénario, s'il reste relativement conservateur au regard des transformations d'usages qui se profilent, pointe aussi un danger réel : dans un monde trop robotisé et automatisé, le tourisme du futur pourrait bien se passer des contacts humains... qui sont pourtant indispensables aux émotions que nous procurent nos voyages. Dans ce domaine comme dans tous, il faudra que la technologie, de plus en plus omniprésente, s'efface sans chercher à remplacer les hommes. C'est encore plus vrai en matière de tourisme : le monde ne sera acceptable et accepté que si nous remettons l'humain au coeur.

 
 

Initialement publié dans les Echos.