Le futur a-t-il encore de l'avenir ?
Si nous avons longtemps rêvé le futur comme une forme de divertissement, à présent le temps des solutions locales et concrètes est arrivé.
Publié dans les Echos le 3 déc. 2019
Le temple de la futurologie, la Singularity University, vit une crise profonde. Fondé il y a dix ans seulement, ce haut lieu de formation des élites mondiales à la prospective connaît le destin prédit aux entreprises disruptées faute de n'avoir su se renouveler : elles déclinent. Il y a trois semaines, l'université annonçait le licenciement de plus de la moitié de ses équipes et la démission de son CEO, Rob Nail.
Cette annonce est le symptôme de la fin d'une époque : le « futur-spectacle » ne vend plus ! En dix ans sont nés la Singularité University, TEDx, la start-up nation, « Black Mirror », VivaTech… Pendant dix ans, le futur était un film qu'on regardait en mangeant du pop-corn. La nouvelle décennie marque la fin des prophètes et le temps de l'action concrète. Aujourd'hui, la Maison-Blanche est même convoitée par un transhumaniste, Zoltan Istvan ! Nous nous sommes largement divertis devant les futurs possibles, à présent le temps des solutions locales et globales est arrivé.
Or l'action, pour être acceptée de tous, ne pourra se faire que dans un cadre ouvert, éclairé et démocratique et chacun devra avoir un rôle à y jouer. Le grand débat aura eu le mérite de libérer la parole sur les questions du quotidien. Désormais, il est temps de susciter l'imaginaire des citoyens, de les impliquer dans la planification des actions à long terme et de les engager collectivement dans les décisions qui sont prises. Il est temps que s'ouvrent des grands débats sur les questions de demain.