De quoi Libra est-il le nom?
Mark Zuckerberg vient d’annoncer le lancement de la cryptomonnaie privée de Facebook: le Libra. L’annonce fait l’objet de nombreuses spéculations et craintes, notamment de la part du secteur financier qui voit dans cette perspective l’arrivée d’un concurrent de poids.
Entre 2016 et 2018, les cryptomonnaies ont connu une période de spéculation accrue jusqu’à l’éclatement de la bulle. Le cours du bitcoin est passé de plus de 20 000 dollars à 3300 dollars en un an, pour remonter autour de 9000 dollars aujourd’hui. L’annonce de la création du Libra pourrait marquer la dernière étape du cycle: après la phase de spéculation et l’éclatement de la bulle, nous entrerions dans la période des usages et de la maturité.
Comme le dit Primavera de Filippi, une des grandes voix de la communauté blockchain internationale, au-delà du Bitcoin ou du Libra, c’est une révolution politique qui s’annonce. Depuis 1971 et la fin des accords de Bretton Woods la valeur du dollar est décorrélée de celle de la réserve d’or. Autrement dit, le dollar est devenu la monnaie de référence, sans parité or. Par conséquent, le Bitcoin et le Libra qui n’ont pas plus de sous-jacent n’ont plus rien à envier aux monnaies étatiques. Ainsi, des communautés virtuelles ou des entreprises peuvent s’accaparer désormais une des fonctions fondamentales des états: émettre de la monnaie qui pourrait devenir une valeur refuge!
Retrouvez l’intégralité de l’interview de Primavera de Filippi dans le podcast ”le monde qui vient en questions” sur le site de Boma France.
Si nous nous projetons dans quelques décennies, il n’est pas impossible que l’usage et la valorisation de ces nouvelles monnaies dépassent celles des monnaies traditionnelles. Pour au moins une raison: leur adoption. En effet avec près de 2 milliards d’individus “démonétarisés” sur la planète et des outils numériques qui donnent un accès gratuit, instantané et transparent à ces nouveaux outils de bancarisation, le Libra devient une solution évidente, dont l’impact est indiscutablement positif!
Imaginez un instant que dans dix ans nos euros ou nos dollars valent autant que les emprunts russes du siècle dernier et que le Libra soit la monnaie mondiale la plus partagée. Quel serait votre réflexe, à l’ouverture du service en 2020?
Publié sur le Huffpo le 21/06/19