Carpe diem ?
Carpe diem ? Et si on s’était planté, pendant tout ce temps ?
Seuls les millenials n'auront (peut-être) pas identifié la référence... Je veux parler du film qui a transformé une obscure citation d'Horace en un des posters inspirationnels les plus connus des Internets. À force d'être répétée, copiée, interprétée, cette phrase a malheureusement perdu une partie de son sens.
En effet, la version originale écrite par Horace : Carpe diem quam minimum credula postero, est le plus souvent traduite par "Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain".
Or, si on se penche sur la traduction exacte de la seconde partie de la phrase, on aperçoit une nuance qui peut plonger une génération entière d'épicuriens 2.0 dans la dépression.
Et oui, car minimum credula postero, se traduit par "faire le moins confiance possible à demain..." et non "ne pas s'en soucier". Vous saisissez l'immense différence et le paradoxe qu'engendre l'erreur de traduction ?
Un autre illustre auteur de posters inspirationnels, William Arthur Ward, résume très bien le paradoxe révélé par cette traduction approximative. "Le pessimiste se plaint du vent ; l'optimiste se dit que le temps va changer ; le réaliste ajuste les voiles."
Autrement dit plutôt que de trop se soucier, ou ne pas se soucier du tout du lendemain, il est plus sage, car plus réaliste, d'ajuster sans cesse ses décisions, en fonction de la situation et des scénarios futurs possibles.
James Stockdale qui fut l’un des officiers les plus décorés de la Marine américaine et qui vécut une histoire tragique, confirme ce même paradoxe. Il a été capturé pendant la guerre du Vietnam et a été détenu et torturé pendant 8 ans. Lorsqu'il a été interrogé à la fin de sa détention, savez-vous ce qui, selon ses propres dires, l'a maintenu en vie ? Le fait de ne "jamais perdre la confiance dans l'avenir MAIS toujours avoir la discipline de se confronter à la réalité des faits".
En résumé, Horace, Ward, Stockdale auraient pu tomber d'accord. Dans un élan de réconciliation, certes très libre, on pourrait leur faire dire qu'il faut cueillir le jour présent en gardant confiance en l'avenir et en se confrontant sans cesse avec les faits et leurs possibles évolutions. Je vous l'accorde c'est moins percutant que Carpe Diem... Mais, en 2021 où l'incertitude ne cesse de grandir, c'est plus utile !
Résumons donc, il faudrait "Saisir le temps présent en pleine conscience de l'avenir".
Qu'est-ce que cela implique au quotidien ? Voir le présent depuis le futur et non l'inverse. Imaginer les futurs possibles et s'y préparer, saisir les opportunités, anticiper les risques, confronter le réel aux scénarios identifiés et décider en conscience, sans cesse. En somme, vivre au futur antérieur ! Tout simplement. C'est épuisant vous me direz ? Pas tant. C'est même plaisant, créatif, ingénieux, passionnant.
C'est mon métier 😉
On s’y met ?
Mes Futurs possibles, ce sont des dizaines d'histoires, de visions, de projets identifiés, enregistrés, consignés ces 7 dernières années et enfin rassemblés dans une série de podcasts mis à disposition à tous par Boma. Futurs de la démocratie, de l'éducation, des ressources, des sciences cognitives, de l'entreprise, de la santé, de l'IA, des cyber-risques... de l'humanité. Découvrez les ici ! Vous y retrouverez Jean Charles Samuelian, Nicolas Colin, Primavera de Filippi, Salim Ismail, Paul Duan, Guy Philippe Goldstein, Marielle van der Meer, Naziha Mestaoui, Laurent Alexandre, André Choulika, Judith Aquien, Elisha Karmitz, Delphine Horvilleur, Claire Balva, Laura Kerber, Alexandre Cadain, Benoit Raphael, Alexandra Ivanovitch, Divya Chander, Alexandre Mars, Eleni Diamanti, Lucie Bash, Nadia Thalmann, David Djaiz, Alicia Combaz, Kaila Colbin, Fanny Parise, Michele Wucker…