Les trois batailles technologiques que l'Europe peut gagner
Nous disposons de pépites dans le quantique, les biotechs et les neurotechs. L'Europe doit mettre des moyens à hauteur des ambitions.
Publié dans les Echos le 13 avr. 2021
En 1939, Albert Einstein adressait une lettre à Franklin D. Roosevelt dans laquelle il décrivait la menace imminente d'une arme nucléaire nazie. Roosevelt décidait alors de réagir et, après six années de travail acharné et des milliards de dollars d'investissement, la bombe atomique permettait aux Américains d'asseoir leur puissance sur le monde.
Si un Roosevelt européen devait décider aujourd'hui d'un investissement équivalent, sur quelle technologie miserait-il ? L'intelligence artificielle ? Soyons lucides, l'Europe a perdu cette bataille face à la Chine et aux Etats-Unis. En désespoir de cause, elle tente de se faire une place en misant sur l'éthique, faisant mine d'oublier que pour prétendre réguler il faut d'abord faire preuve de puissance.
La bataille de l'IA est donc perdue, mais il reste à l'Europe au moins trois immenses chantiers technologiques à investir - avec ce grain de folie qui nous manque tant !
Il s'agit d'abord de l'informatique quantique et de ses applications dans les domaines de la sécurité et de la simulation. Il s'agit aussi des biotechnologies et de leurs utilisations dans l'industrie de la santé, des matériaux et de l'énergie. Il s'agit enfin des neuro-technologies et de leurs solutions pour l'éducation et plus largement le management de l'intelligence.
Si aujourd'hui, un Roosevelt européen devait agir pour garantir à l'Union sa puissance à l'horizon 2050, comment procéderait-il ? Probablement en revalorisant drastiquement la recherche par des financements et l'amélioration des conditions de travail afin d'attirer et de conserver des chercheurs de qualité. Ensuite en investissant massivement dans des programmes publics et privés, civils et militaires. Aussi en facilitant, notamment fiscalement, la création de véhicules d'investissements stratégiques européens dans chacun de ces domaines. Enfin, en assumant une politique de souveraineté protégeant les résultats de ces travaux contre la voracité d'acteurs extra-européens.
La France aura la charge de la présidence européenne à partir de janvier 2022 : six mois avant la prochaine élection présidentielle. Nous avons la chance de détenir quelques pépites dans les domaines du quantique, des biotechs et des neurotechs, profitons-en pour poser les bases de cette ambition en devenant la locomotive technologique européenne.