2021 : année de la convalescence

Avec l'arrivée des vaccins, nous devrions connaître une année 2021 plus sereine sur le plan sanitaire que celle qui vient de s'écouler. Mais la convalescence, sur tous les plans, sera lente et laborieuse, avec d'autres risques à anticiper.

Publié dans les Echos le 7 déc. 2020


Pour « Time Magazine », qui en fait sa une cette semaine, « 2020 est la pire année de l'histoire ». Or ce qui est valable pour les Américains l'est aussi pour nous. La proportion de Français ayant vécu les horreurs des deux grandes guerres est si faible que, pour la grande majorité de la population, l'année 2020 aura bien été la pire année de son histoire !

2021 sera-t-elle encore pire ou peut-on espérer qu'elle soit meilleure ? La perspective d'un vaccin pour tous à l'horizon du printemps prochain nous redonne de l'espoir et la « convalescence » devrait être la grande tendance des douze prochains mois.

L'année passée aura accéléré la numérisation de l'économie et elle devrait se poursuivre. Le télétravail a bondi et créé des opportunités qui perdureront. L'exode urbain, connu pendant les deux confinements, pourrait lui aussi continuer, avec un impact sur le marché immobilier des grandes villes et des campagnes. Le recrutement à distance, au-delà même des frontières nationales, pourrait se développer, entraînant une bascule plus rapide que prévu dans l'économie free-lance. Par conséquent, le droit du travail, mais aussi la fiscalité, serait mis en tension, provoquant, à l'approche des élections présidentielles, un effet de balancier et une inflation des politiques protectionnistes et souverainistes.

Surjouer l'autorité

Aussi, le retour à une vie sociale accrue profiterait aux acteurs de la culture, du tourisme et de la restauration grâce, à partir du printemps, à un rebond significatif avec ses bienfaits et ses excès. Sous cloche pendant des mois, les populations qui décompenseront pourraient inciter les responsables politiques à surjouer l'autorité et l'offre sécuritaire.

Le blast de la crise du Covid a créé une dette publique abyssale. Le débat sur le remboursement de cette dette et la confiance à l'égard des monnaies étatiques pourraient faire souffrir l'épargne des ménages et profiter au marché des cryptomonnaies, les investisseurs trouvant refuge dans le Bitcoin ou certaines monnaies virtuelles adossées à l'or.

Préparer des scénarios

2020 aura été un immense crash test pour nos politiques, nos économies et nos sociétés. Le virus a été une surprise alors que le risque de son apparition avait largement été identifié. A quelles prochaines crises devront nous faire face : un accident environnemental ou climatique, un black-out cyber ou énergétique, une nouvelle pandémie, une bactérie résistante aux antibiotiques, une crise financière globale, de nouvelles formes de terrorisme ? Tout à la fois ? Si on veut que 2021 soit meilleure que 2020, il nous faut nous préparer à ces scénarios.

Michel Lévy provencalConvalescence