Ne ratez pas "What Would Google Do?" par Jeff Jarvis (de Buzz Machine). Le livre est dispo sur Amazon en précommande pour livraison le 2 Fevrier prochain!
Lire la suiteEn cinq années de blogging si je n'avais eu à écrire qu'un seul billet, cela aurait été celui-ci. "We are what we share" est plus qu'un slogan, c'est une philosophie, un mode de pensée qui change radicalement le rapport à la création, au travail, aux autres, à la vie en somme.
(Ce billet est en permanente évolution... revenez de temps à autre y jeter un coup d'oeil)
La puissance du collaboratif en animation:
Pour aller plus loin :
Il faut expliquer epsilon et l'infini à Philippe Val...
Le Réseau des pirates, ce n'est qu'un premier pas !
Quand la "Freelosophy" apporte des réponses à la crise politique
Société de l'égo(boo) et économie de l'influence
Les professionnels de la Culture adoptent enfin le bon modèle
Le freemium, avenir de l'économie de la Culture
Les agrégateurs éditorialisés, médias de demain?
Le copyleft un nouveau modèle pour la création artistique
BONUS:
Best Youtube ever, la puissance du mix...
Lire la suiteC'est tout un lot d'innovations qui arrive sur le Lab France24. Pendant les huit prochaines semaines, jusqu'au 6 décembre, date d'anniversaire des deux ans de la chaine, le Lab France24 va publier ses nouvelles applications multimédia.
Jusqu'au 6 décembre sera livré en beta-test ou en production quasiment un nouveau projet par semaine. Dans les cartons :
* Une nouvelle version du Site Observers
* Une grille des programmes interactive permettant de visionner toutes les émissions passées
* Un système de « rewind » sur la chaine en direct (la version alpha privée a été livrée hier)
* Un nouveau système de podcast
* Une nouvelle version du site mobile
* Une application Quizz Facebook
* Une nouvelle version du site Internet integrant une classification des contenus Web France 24 par thématique / émission / auteur et améliorant ainsi la navigation et la génération de flux de syndication
* Une série de widget Web affichant les dernières informations France24 paramétrables et installables sur vos sites et blogs.
* Une série de Widget Windows et MacosX permettant de suivre l'actualité depuis son poste de travail
* De nouveaux forums thématiques sur l'actualité
France24 a décidé, pour améliorer la qualité de ses produits, d'impliquer très tôt ses utilisateurs dans le processus de fabrication. Le lab va donc proposer à ses membres des accés spéciaux aux versions beta de ses nouveaux projets.
Si vous souhaitez faire partie du programme, il suffit de s'inscrire au Groupe Facebook France 24 Lab et vous recevrez régulièrement des informations et des codes d'accès.
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Marten van Valckenborch. credit photo: flickr.com/photos/imagem-mundo
En réaction à mon billet d’avant hier à propos du déclin du sentiment d’appartenance national Thomas Jestin, nouveau venu sur mikiane.com et auteur de http://appeldu18janvier2008.wordpress.com, a évoqué une émission enregistrée par Public Sénat au cours de laquelle Jacques Attali parle d’un système qui pourrait devenir la nouvelle grande révolution d’Internet : je veux parler de la traduction automatique instantanée de textes…
Aujourd’hui « les Internet » français, anglais, espagnols, portugais, chinois, indiens, japonais, coréens…. sont globalement techniquement connectés (la Chine l’est de plus en plus…). La dernière frontière entre internautes reste celle de la langue. Il est rare de trouver des français sur les réseaux sociaux coréens… Mais imaginez qu’un système permette des traductions instantanées de grande qualité, la barrière de la langue pourrait sauter et le village planétaire voire réellement le jour.
Qu’est ce qui limite aujourd’hui cette révolution ? Les moyens techniques : les services comme Google Translation, Reverso, Traduction Voilà, Systran que nous connaissons ne sont pas de bonne qualité et ne peuvent pas prétendre, dans l’état, à rendre un service de traduction efficace à l’echelle de l’ensemble d’Internet.
Les problèmes principaux rencontrés dans les algoritmes de traduction de textes sont dûs à la complexité du contexte sémantique d’expression des interlocuteurs et à la taille des corpus de mots et de syntaxes connus par le système. Afin d’améliorer les traductions il est encore nécessaire de faire intervenir le cerveau humain. Mais on ne peut pas imaginer installer un traducteur-correcteur entre chaque interlocuteur… En revanche il est possible d’utiliser ces mêmes interlocuteurs pour réaliser les corrections. Prenons l’exemple d’une conversation via une page de commentaire sur un blog. Un chinois souhaite lire mikiane.com qui est écrit en français (c’est un exemple peu probable je vous l’accorde… :-)). Pour que la traduction soit compréhensible en cantonais, il faut lors de l’écriture du billet, prendre en compte les contraintes du système de traduction. Un logiciel qui s’installerait sur le traitement de texte pourrait indiquer au fur et à mesure de l'écriture de l'article le niveau de compréhension de celui ci par le traducteur automatique. En somme vous écrivez un mot inconnu ou utlisez une tournure de phrase ambigüe, le système le detecte et vous l’affiche. Il vous pose des questions et vous aide à lui parler « dans sa langue ». Simultanément, un système expert apprend "votre langue" au traducteur automatique en constituant un corpus de mot et d’expressions personnels. Le lecteur chinois pourrait à son tour utiliser le même système lorsqu’il souhaite poster un commentaire : une machine semi-automatique de traduction universelle et le début de la fin des frontières linguistiques sur le net.
Mais il y a une faille dans l'exposé. Quand j’évoque un système expert qui permettrait d’enrichir les corpus de mot et d’expressions afin d’intégrer les variations de la langue des interlocuteurs, il manque un élément dans la chaine. Qui apprend à la machine à traduire les corpus de mots et les expressions personnels? C’est là qu’intervient le réseau : un Wikipedia de la traduction! Des centaines de mots, d’expressions, de textes, livrés aux contributeurs internautes polyglotes prêts à donner de leur temps pour enrichir la machine. La puissance de la participation au profit de la "débabélisation" de l’internet….
Lire la suiteEgoboo : mot anglais familier utilisé initialement dans le milieu de l’Open Source pour exprimer le plaisir reçu provenant de la reconnaissance par le public d'un travail volontaire. Le terme est utilisé pour décrire la valorisation de l'ego ressentie par une personne en découvrant son nom publié.
Quel est le besoin le plus important dans nos sociétés occidentales ? Aujourd’hui, à quelques exceptions près, les ressources comme l'eau, la nourriture ou la sécurité physique ne sont plus nos préoccupations majeures. Dans la pyramide de Maslow, les besoins de troisième et quatrième niveaux sont les plus criants: « estime », « amour », « attention », « appartenance » et « reconnaissance ».
Nos sociétés individualistes finissent naturellement par produire des égos blessés et boursouflés. Le besoin d’estime des autres, d’attention, d’amour et de reconnaissance, se transforment en quête permanente de « territoires d’influence » ; influence non pas des organisations (nations, gouvernements, marques ou entreprises) mais bien des individus sur d’autres individus.
L’explosion des phénomènes panoptiques (cf ce post d'aout 2007), les télé-persos, le blogging, les réseaux sociaux,... tout cela n’est il pas à la fois le symptôme d’une immense blessure narcissique et la solution de compensation ?
Projection ? Probablement ! Mais pas seulement… Les déferlantes Facebook, MySpace, Twitter,… sont là pour en témoigner. Chacun est en quête de célébrité personnelle. Une culture hyper-pop émerge et le net en est le terrain de jeu privilégié.
Les individus prennent le pouvoir en leur simple nom par leur unique capacité à infiltrer, agréger, constituer des réseaux sur lesquels ils finissent par avoir de l'influence. L'autorité est gagnée par agglomération de micro-ascendances, micro-prestiges, micro-notoriétés. L'identité et l'influence se construisent de paire. C'est l'influence qui fait l'identité et l'identité l'influence.
Dans la "société de l’égo(boo)", l'important est d'exister en se référant positivement ou négativement à un groupe, un mouvement, une culture ou une idée et d'attirer autour de soi une masse critique d'individus sur lesquels exercer assez d'influence pour en tirer un bénéfice.
Lire la suitehttp://www.dailymotion.com/swf/x4uymj
Hier soir était organisé un Social Media Camp à la Cantine. Etaient présents Rue89, Obiwi, Electron Libre, Agoravox et donc France24 pour parler de journalisme participatif. Il y a eu finalement assez peu de reflexion sur le coeur même du debat: "comment amener l'internaute à participer au media". Il me semble qu'il y a trois facteurs de participation !
Tout d'abord la promesse d'une rémunération ou d'un statut. Un statut par exemple de correspondant ou de pigiste... C'est le cas probablement chez certains Observateurs de France24 ou certains jeunes étudiants journalistes à Rue89
Le second facteur de participation est la notoriété et l'accroissement de l'audience. Il me semble que certains blogueurs acceptent de rejoindre des grands sites media plus ou moins participatifs pour augmenter leur audience et leur notoriété.
Enfin, le dernier facteur, le plus important peut être reste l'adhésion (ou son pendant inverse l'opposition). Les sites Bakchich, Rue89, Arrêt sur Images ont des lecteurs assidues et des commentateurs très actifs sur leur site. Pourquoi? Parceque ces personnes se reconnaissent dans un discours, une ligne éditoriale, des idées politiques, une certaine culture. A l'inverse d'autres sont là parcequ'ils se définissent comme étant à l'opposé de ce même discours, cette même ligne, cette culture.
Le modéle économique des sites participatifs n'est pas seulement basé sur l'audience. On a tendance à trop se référer à cela parceque l'on réfléchit avec l'ancienne logique d'internet. Aujourd'hui il me semble que le nerf de la guerre c'est la communauté des contributeurs et des éditeurs. C'est pour cette raison que les trois facteurs de participation, la rémunération, la notoriété et l'adhésion, sont si importants.
Lire la suiteHier soir, j’étais invité chez Nicolas Voisin (six35.fr) pour débattre de l’avenir des médias. Nous étions sept à table : Magali Lacroze, présentatrice du JT du Web, Nicolas Voisin qui animait le débat, Philippe Couve de l’Atelier des Medias, Benoît Raphaël de LePost.fr, François Guillot d’Internet et Opinion, Damien Van Achter de la RTBF et votre hôte. La question était: “Que sera la sphère médiatique demain, dans 20 ans?” En somme, un thème bien “casse-gueule”, mais plutôt rigolo si on veut s’amuser en matière de prospective. Je m’étais préparé en mettant noir sur blanc quelques idées qui me trottaient dans le coco… Finalement la discussion a été très intéressante et beaucoup plus sérieuse que je le pensais. En revanche il y a eu peu de prospective et d’envolées lyriques sur les interfaces et applications du futur. Alors, sur ce point, comme je me suis un peu censuré, malgré mes notes de bon élève (cf le scan ci-dessous), je me suis dit que j’allais en faire un post en attendant le JT du Web (quelques extraits de la discussion seront rediffusés normalement dans le JT du Web de jeudi 28/02 à 18h35) !
Mais avant de commencer je voudrais évoquer le flash-back que j’ai eu quand Nicolas m’a proposé cet exercice de prospective. En fait j’ai fait l’exercice inverse et je me suis souvenu d’il y a (presque) 20 ans ! Un évènement a eu un impact énorme sur la façon de « faire » de l’info : 1990, la première guerre du Golfe, CNN retransmet pour la première fois des images embarquées d’attaques aériennes de l’armée américaine et invente le concept d’ « embedded reporters ». Le témoignage des reporters embarqués apporte une intensité dramatique inédite dans le monde de l’info : les images sont de mauvaise qualité mais elles sont là pour « parler plus vrai » ! Cette tendance préfigure deux phénomènes : la montée en puissance de l’information spectacle et l’usage croissant du document « amateur ». Presque 20 ans plus tard, CNN lance I-Report, un site internet de video amateur d’information. En 1990, j’étais encore étudiant à Casablanca. À l’époque l’information circulait via la presse écrite, la chaîne d’info TV5 et la radio. Comme la plupart des familles juives au Maroc, nous étions scotchés au poste radio sur les quelques chaînes que nous parvenions à capter afin d’être informés le plus tôt possible des dégâts engendrés par les bombardements sur Israël.
Quand je repense à cette époque, à la façon dont aujourd’hui l’accès à l’information a littéralement explosé et surtout quand je vois la croissance exponentielle des moyens de communication, je me dis que quoi que je puisse prévoir, il y a de fortes chances que le futur nous réserve énormément de surprises… Je prends donc le risque d’y aller sans pincettes à propos des prédictions… Et puis de toute façon, dans vingt ans, qui lira cette note ???
En 2028, on vivra dans une société du loisir et du show-business. Je ne sais plus où je lisais que Warhol avait vu juste au dela de ce que l’on pouvait imaginer : on a tellement cherché notre quart d’heure de célébrité que l’anonymat est en train de devenir le luxe du 21eme siecle ! Le flux d’information permanent, multisource et multisupport dans lequel on baignera devra être filtré, hierarchisé et vérifié. Et on sera probablement prêt à payer pour ce contenu de qualité.
Faut-il s’attendre au développement du modèle payant ? Probablement. On nous proposera des services à haute valeur ajoutée, comme la sécurisation des échanges, l’authentification des sources et la protection de l’identité des acteurs. On verra aussi se développer le mécénat et la création de clubs ou d’associations d’intérêt public. Mais surtout on n’imagine pas encore ce que sera le système de rémunération de la nouvelle « nouvelle économie » : en 1990 qui pouvait prévoir qu’autant de fonds seraient investis dans des entreprises qui rendent des services gratuits et qui tirent leur rémunération de recettes publicitaires ?
Les contenus seront encore plus multimédia. Il seront 3D, olfactifs, kinesthésiques. On réalisera probablement des « reportages sensoriels » qui nous plongeront dans des environnements hybrides (mi synthèse, mi réalité). Mais les contenus évolueront avant tout avec les supports.
Nous allons vivre plusieurs phénomènes parallèles : la montée en puissance de la mobilité, celle de l’interactivité et la démocratisation de la video 3D, puis de la réalité augmentée (la superposition d’éléments synthétiques sur l’environnement réel). Internet sera totalement intégré à notre environnement. Le réseau sera ce qu’est aujourd’hui l’électricité. C’est-à-dire que tout sera connecté. Les murs, les sols, les portes,... les miroirs,... les cendriers… Nous aurons la possibilité d’accéder à de l’information en permanence : on s’habituera à la « consommation parallèle » et le critère de qualité pour un diffuseur ne sera plus l’audience mais l’attention. Les supports seront à la fois récipients et sources d’information. Le développement des interfaces Machine à Machine permettra une diffusion automatique de tout ce qui se passe sur le globe. Évidemment tout cela nécessitera encore une fois filtre, hiérarchisation, vérification et édition de l’information. On en revient à nouveau aux fondamentaux. Décidément, le (vrai) métier de journaliste (on inventera un nouveau nom pour ça), a encore de l’avenir…
Et pour vous à quoi ressembleront les medias dans 20 ans ?
Lire la suiteFacebook, MySpace, Plaxo, Linked in, Asmallworld, Twitter,... bref la plupart des réseaux sociaux que nous utilisons permettent de constituer des communautés de personnes sur la base d'un critère : "l'existence préalable d'une relation". Pour dire les choses plus simplement, les premiers contacts que l'on ajoute dans notre carnet d'adresses sur ce type de site sont des personnes que l'on connait deja. Certes, petit à petit le réseau s'étend par affinité. Les amis d'amis, deviennent des amis tout court. Il est plus rare de trouver de nouvelles relations via d'autres critères : centres d'intérêt, proximité géographique,... De plus, sur ces réseaux les échanges sont souvent virtuels. Evidemment, on continue à rencontrer physiquement ses amis les plus proches, mais les nouveaux contacts, amis d'amis, ou personnes ayant les même centres d'interêts restent souvent des relations virtuelles.
Un aprés midi en décembre dernier, sur le parvis de Beaubourg, j'étais seul à une terrasse de café. Comme assez souvent, j'envoie un message via twitter qui disait un truc dans le genre : "having a salad at Beaubourg. If somebody wanna join for a cofee...". Je n'espérais pas grand chose de ce message. En effet, sur la cinquantaine de personnes avec qui j'échange sur twitter ou même en étendant à Facebook, la probabilité qu'un de mes contacts soit à ce moment précis pas trés loin et surtout disponible pour ce fameux café était assez faible...
J'ai alors pensé à un service, une application qui permettrait à n'importe quel utilisateur d'envoyer un message (SMS) disant, "Je suis là". Le système aurait la capacité de localiser géographiquement le message et de répondre instantanément, en prévenant les autres utilisateurs à proximité, qui auraient aussi déclaré leur présence dans une pèriode de temps assez courte. Ainsi, les différents contacts désormais connectés pourraient entrer en relation dans le monde réel car elles seraient disponibles en même temps au même endroit.
La différence majeure avec les réseaux sociaux "classiques" est donc le critère de constitution de la communauté. Ce critère n'est plus uniquement le centre d'intérêt ou la relation existante, mais la proximité géographique et temporelle.
On pourrait imaginer mille déclinaisons pratiques. Ex: Idéal pour gérer des flash mobs, "je cherche un bon restau dans les parages", "connaissez vous une baby sitter pour ce soir dans le quartier?", "on cherche un tire-bouchon désespérément"....
En fait, ce service permettrait de créer des communautés éphémères. Elles pourraient durer, mais ce ne serait pas l'objectif premier. J'ai étudié la question de près. Il existe déjà plusieurs équivalents : cf cet article sur NightAngel.fr ou le site Loopt. Il y a aussi cette autre appli, française, que j'avais entrevue à une session du webdeux.connect 2008 (mais dont j'ai totalement zappé le nom...). En France, à moins de cartographier toutes les Cell-ID (les bornes telephone mobile) et de construire une base de données pirate, la seule façon légale de mettre en oeuvre la géolocalisation SMS (l'usage du SMS me parait primordial pour toucher un maximum de monde) est d'établir un partenariat avec les opérateurs téléphoniques ou de passer par un intermédiaire (Deveryware et illico.net ont une solution).
Alors, entrepreneurs, si vous attendiez une idée...
PS: Finalement en non éphèmère ca peut aussi marcher. Je pense à Peuplade ou Meetic/Match.
Lire la suiteRue89 est une belle réussite Internet. Une réussite fonctionnelle, technique, ergonomique et graphique. Une réussite marketing aussi. Dans quelques semaines, un tour de table sera organisé et devrait valoriser la société près de 3 millions d'euros. Et pourtant, il y a comme un malaise... L'idée fondatrice du projet, "l'Info à trois voix" (la voix des experts, des internautes et des journalistes) n'est aujourd'hui qu'une caution, un slogan vide de sens.
Fin 2006 mes camarades de Rue89 et moi faisions le même constat : le journalisme était en crise. Les blogs commençaient à devenir une alternative aux journaux traditionnels. La blogosphère allait tôt ou tard devenir plus influente que les grands medias. Depuis trop longtemps l'édito avait remplacé l'info. Il fallait donc revenir à des fondamentaux et le journaliste devait se limiter à ce qu'il est censé le mieux faire : trouver, vérifier et rendre l'information de la façon la plus claire et la plus neutre possible. Nous voulions mettre les blogueurs et les internautes au coeur du projet. Le rôle de la rédaction était de privilégier les témoignages, de s'assurer que les faits et seuls les faits seraient rendus, de bannir le dogmatisme et d'animer le débat entre internautes. Le travail des journalistes devait se limiter à sélectionner les meilleurs contenus émanants d'experts, d'amateurs (souvent de blogueurs) et d'internautes pour fabriquer un journal d'un nouveau genre. En somme un projet d'interêt public.
Depuis le lancement de Rue89, j'ai exprimé à plusieurs reprises et en privé des divergences sur l'évolution de la ligne éditoriale et de la stratégie du site. Il m'a semblé dès le début que mes camarades journalistes tombaient dans les anciens pièges, cédaient à leurs vieux réflexes. Dès la semaine qui a suivi le lancement du site je leur faisais part de mon étonnement de voir Rue89 se transformer en un journal d'opposition constitué presque exclusivement d'articles ou d'éditos émanants de la rédaction ou d'amis de la rédaction, souvent journalistes. La logique de castes perdurait, seul un détail changeait sur la forme : l'édito devenait billet de blog... Tous les jours depuis des mois je me désole de voir disparaitre les contributions de non journalistes sur le site. Je m'amuse souvent à compter le nombre de papiers qui n'émanent pas de la rédaction ou du sérail journalistique. Hier (le 19 février) par exemple, sur la quinzaine d'articles en "une", un seul était issu d'un non professionnel de l'information. Le site en est arrivé jusqu'à faire la promotion des "blogs" de la rédaction.
Pourquoi ce coup de gueule? Parce que je suis en colère de le répéter à mes camarades sans qu'ils n'entendent la critique. Critique qui leur vient d'un non-journaliste. Critique d'un lecteur qui ne reconnait plus le projet qu'on lui a présenté au départ et qui était censé révolutionner l'information. Critique d'un actionnaire qui ne voit pas comment un site qui a fini par être aussi marqué politiquement alors qu'il se voulait un lieu de débat libre, constructif, intelligent, un espace ouvert, pourra un jour prétendre être un média reconnu pour son indépendance. Et enfin critique d'un cofondateur qui voit cette idée originale de "l'Info à trois voix" (la voix des experts, des internautes et des journalistes) n'être aujourd'hui qu'une caution, un slogan vide de sens.
Au lendemain de mon départ du projet nous avions déjà eu un différend à propos d'un billet publié sur Balises (le blog de Fabrice Frossard). J'ai voulu apaiser la polémique interne qui a suivi et ne pas y donner suite en pensant que les choses pourraient s'améliorer. J'ai imaginé que le projet avait dans son ADN une trace qui un jour arriverait à changer la donne, faire tomber les barrières, ramener à sa juste valeur le rôle du journaliste et surtout éliminer le système de castes qui règne depuis trop longtemps dans ce milieu.
J'ai longtemps rêvé d'un projet qui renouvelle le journalisme sur Internet. J'aurais tant aimé que Rue89 tienne ses promesses et révolutionne réellement l'information. Cela n'a pas été le cas et je suis convaincu aujourd'hui que Rue89 n'y parviendra pas. Pour toutes ces raisons, et parce que j'ai la conviction que ce projet a trahi ses ambitions, je ne souhaite plus être un associé de Rue89. Je souhaite aussi que le capital issu de la vente de mes actions soit mis à profit d'un nouveau projet réellement d'intérêt public. Un projet auquel je refléchis et qui est ouvert aux participants de bonne volonté.
PS: Ce billet a été rédigé dans la nuit du 19 au 20 février. J'ai pris le soin d'avertir mes associés le 20 février au soir avant sa publication. La réaction de Pierre Haski a été une fois de plus l'incompréhension malgré mes critiques passées. Puis c'est la colère qui a pris le dessus: "c'est pas des méthodes entre actionnaires, fondateurs de surcroit, et surtout d'un simple point de vue pratique, tu ruines ton investissement au moment ou tu veux vendre tes actions!!" Certes ! Il est clair que si j'avais voulu m'enrichir avec Rue89, je n'aurais jamais agi comme je le fais...
Lire la suiteLes dangers des réseaux sociaux en général et de Facebook en particulier ont largement été commentés en 2007. On a entendu parler "de perte de productivité en entreprise", de "risque de vol d'identité", "d'espionnage industriel", "d'exposition aux infractions", "de destruction de réputation" ou " de viol de la vie privée"... Mais on entend moins parler d'un autre aspect du danger, moins visible, plus silencieux, à savoir l'impact qu'ont ces nouveaux systèmes sur l'équilibre affectif et psychologique de leurs utilisateurs. Ma petite enquête et mon expérience personnelle comme sérieux candidat à une cure de désintoxication à la networkmania, me font penser que l'usage des réseaux sociaux ne sont pas dénués de danger en la matière.
En effet, il semblerait que la première phase, "l'inscription", correspond à une période plus ou moins longue d'euphorie. C'est pendant ce moment que le réseau est le plus attractif : quand les contacts affluent. On retrouve ses meilleurs amis d'enfance, on s'amuse à chercher - et trouver - les photos de son ex-petit(e) ami(e) perdu(e) de vue depuis une dizaine d'années, on se réconcilie avec son meilleur ennemi, on retrouve un associé de longue date avec qui les choses ne s'étaient pas si bien passé que cela... Parfois on retisse des liens avec une famille plus ou moins lointaine et qui réveille les vieux démons enfouis parfois volontairement depuis si longtemps.
Ce bouillonnement soudain et qui dure quelques semaines secoue nécessairement l'individu, le couple, le groupe d'amis qui vivent directement ou indirectement l'expérience. L'effet sur les proches, la compagne, les amis n'est pas neutre. Il est à ce propos très drôle de lire les quelques témoignages glanés ici et là sur le net de crises de jalousie, de sentiments de trahison ou d'abandon que provoque l'effraction des "vieux dossiers" dans la vie de tous les jours.
Au bout d'un certain temps, les choses se calment pourtant. On avait cru trouver une nouvelle vie avec son groupe de copains d'enfance, sa meilleure amie, son amour de jeunesse, mais notre existence a changée. Passée l'euphorie on retrouve ses habitudes, ses amis d'aujourd'hui, son couple, ses collègues mais avec une différence : une nouvelle possibilité d'accéder instantanément à toute cette "mémoire vivante", mémoire qui se prolonge en parallèle dans le présent, à coté de nous, en totale transparence, accessible à tout moment et en tout lieu.
C'est alors qu'intervient la phase d'observation. Sans nécessairement le vouloir, on suit la vie de ces gens que l'on a connu. On voit leurs photos, leur activité quotidienne, leurs états d'âmes, leurs nouveaux groupes d'amis, leur nouveau compagnon, leur solitude... Ces possibilités nouvelles de surveillance instantanée et permanente donnent un étrange "sentiment d'omniscience" : que mon entourage sache tout de moi et que je sache tout de mon entourage ! C'est là que le doute s'installe : la transparence totale et la disparition des "digues" entre vie intime, vie privée et vie publique, seraient-elles dangereuses pour l'équilibre affectif et psychologique ? Poussées à l'extrême l'accessibilité et la transparence décuplent les possibilités de délires et peuvent parfois mener au pires crises : érotomanie, persécution, jalousie, revendications... Et cela a un nom : la paranoïa.
Certes, il ne s'agit pas ici de dire que Facebook en particulier et les réseaux sociaux en général rendent nécessairement paranoïaque. En revanche, il y a fort à parier que d'ici peu nous allons commencer à entendre parler d'affaires de "pétage de plombs" dus à des abus sur ces réseaux.