Le JT de 2024 !
JT généré par une IA
2024, l’année superlative !
Quelle année ! Je veux dire quelle année 2023 !
L'Histoire retiendra cette date comme un tournant. La pandémie a laissé des traces sur les habitudes de vie et de travail. Nos économies se sont relevées malgré les multiples chocs subis. Parmi elles, surtout l'économie américaine, que l'on attendait en récession, connaît une embellie portée par la politique économique, les plans d’aide et les avancées technologiques.
L'accélération de l'IA générative et son adoption à une vitesse fulgurante, boostent la productivité des entreprises qui l'intègrent et transforment notre rapport à l'information. Simultanément, le déchaînement des éléments s'est renforcé avec les inondations récentes en Europe, les incendies à Hawaï et en Turquie et le séisme au Maroc…
La guerre en Ukraine s'enlise, malheureusement, et redessine la géopolitique mondiale en confirmant la montée en puissance du Sud Global. La droite extrême gagne du terrain partout en Europe, augurant des prochaines élections européennes qui seront cruciales. Enfin, l'exacerbation de la haine dans le sillage du conflit israélo-palestinien fait renaître le pire.
Après ces douze mois de chocs successifs, à quoi ressemblera 2024 ? C'est un difficile exercice de prédiction auquel je me livre tout de même chaque année à la même période.
L'année passée, je m'étais concentré sur des prévisions dans le domaine technologique et j'avais prédit trois événements :
Le premier concernait l'expansion de l'IA générative, avec une mention spéciale pour l'évolution des interfaces conversationnelles, notamment chez Microsoft et Google. Sur ce point, mes prévisions ont été assez proches de la réalité : Bing et Bard ont adopté cette approche, tandis que Microsoft Copilot et Google Duet œuvrent à l'intégration de l'IA générative dans les outils du quotidien.
Ma deuxième prédiction portait sur la métamorphose de Twitter en une super-application à l'image de WeChat. Il faut admettre que cette anticipation était quelque peu erronée. En effet, la plateforme, embourbée dans les controverses liées à Elon Musk, a du mal à se réinventer. Mais la partie n'est pas terminée…
Quant à ma troisième prédiction, elle concernait le bannissement de TikTok en Europe et aux États-Unis. Elle s'est en partie réalisée : l'application a été effectivement interdite sur les appareils des fonctionnaires, élus et dirigeants politiques. Peut-être cette interdiction s'étendra-t-elle à l'ensemble des citoyens occidentaux l'année prochaine ?
Que se passera-t-il en 2024 ?
Je vous propose cette année un exercice de prospective plus élargi, englobant les aspects technologiques, économiques, géopolitiques et environnementaux.
Comme toujours, l'objectif est d'identifier les scénarios les plus plausibles parmi une myriade de possibilités.
Les voici donc :
Sur le front technologique, l’adoption de l’IA devrait se généraliser et provoquer de grandes mutations.
Premièrement, une transformation profonde des organisations est à prévoir.
L'intelligence artificielle générative devrait s'ancrer durablement dans le monde de l'entreprise, préparant ainsi le terrain pour l'émergence de l'Intelligence Artificielle Générale. Les entreprises seront contraintes de revoir leurs processus et d'investir dans la formation de leurs collaborateurs afin de demeurer compétitives. Cette année constituera un tournant décisif ; les acteurs ayant anticipé cette évolution pourront en récolter les bénéfices en termes de productivité.
Deuxièmement, nous assisterons à une accélération inattendue de l'automatisation dans le monde réel.
Les progrès réalisés dans les modèles de langage auront des répercussions sur la robotique. Des investissements conséquents et des annonces de la part d'acteurs majeurs tels qu'Amazon, Google et Tesla sont à prévoir. Tesla, en particulier, se positionne avantageusement avec sa plateforme Dojo, qui soutient ses ambitions dans le domaine des véhicules autonomes et du robot humanoïde Optimus. L'avantage considérable de Tesla réside dans la quantité de données d'interaction physique recueillies par les capteurs de ses voitures, un atout qui pourrait s'avérer déterminant.
Enfin, nous sommes témoins de l'émergence des premières applications à l'intersection du numérique, des sciences cognitives et des biotechnologies. Une publication récente dans la revue Nature Electronics a révélé que des chercheurs avaient réussi à entraîner des cellules cérébrales en utilisant des méthodes analogues à celles employées pour les réseaux de neurones artificiels, leur permettant d'exécuter des tâches de prédiction et de reconnaissance vocale. Ces systèmes bio-inspirés pourraient conduire à une informatique d'une efficacité remarquable et à faible consommation énergétique. La révolution bio-numérique pourrait bien se concrétiser sous nos yeux, et l'année à venir pourrait marquer le début d'une ère nouvelle dans ce domaine.
Cette année, j'ai beaucoup travaillé sur le thème de l'intelligence artificielle. Voici une sélection de productions pour approfondir le sujet :
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L’économie mondiale devrait s’améliorer, malgré les risques de crise en Chine.
Un vent d'optimisme souffle déjà. Après un ralentissement notable en 2023, l'année 2024 devrait marquer le début d'une tendance ascendante. L'inflation, qui hantait les économies mondiales, semble enfin s'apaiser. Selon les projections de l'OCDE, en zone euro, elle devrait ralentir à 2,9 %, marquant une baisse significative par rapport à l'année précédente. Cette tendance est également observable dans d'autres grandes économies. Un tel recul ouvre la voie à une économie plus stable et prévisible.
Les perspectives de croissance du PIB mondial se veulent rassurantes. Goldman Sachs Research anticipe une expansion du PIB mondial de 2,6 %, surpassant les attentes générales. Cette croissance robuste survient malgré des conditions économiques difficiles, telles que les hausses de taux d'intérêt et les politiques fiscales contraignantes, en particulier dans les économies du G10. Le marché du travail affiche une performance remarquable. Malgré une croissance économique modérée, le taux de chômage reste inférieur à son niveau pré-pandémique, témoignant de la résilience et de la force du marché de l'emploi.
Enfin, la réduction des risques de récession est une lueur d'espoir significative. Les économistes de Goldman Sachs Research estiment que la probabilité d'une récession aux États-Unis est bien plus faible que prévu, à seulement 15 % au cours des 12 prochains mois. Cette perspective encourageante est partagée pour d'autres pays.
Il demeure que la situation en Chine reste préoccupante. Le pays devrait connaître une baisse de croissance par rapport à 2023. Cette décélération est en partie due aux difficultés persistantes dans le secteur immobilier et à l'accumulation de dettes des gouvernements locaux. Les problèmes du marché immobilier, en particulier, ne montrent aucun signe de résolution immédiate, ce qui pourrait entraver la reprise économique et obscurcir les perspectives pour 2024. De plus, le pays doit faire face à de nouveaux risques, notamment un potentiel excès de capacité dans le secteur des véhicules électriques et des batteries, exacerbé par une concurrence accrue et des enquêtes internationales sur les exportations chinoises dans ce domaine.
L’ordre du monde re-configuré, le temps des tempêtes revient.
Dans le détroit de Taïwan, l'année pourrait être marquée par une escalade des tensions. Les élections taïwanaises, susceptibles de consacrer la victoire du camp démocrate pro-occidental, le DPP, pourraient exacerber les tensions avec la Chine. Cette situation pourrait conduire à des actions plus agressives de la part de la Chine, y compris une possible escalade militaire, telle qu'une invasion partielle de l'île ou de ses îlots environnants.
En Europe, la montée de l'extrême droite pourrait devenir une réalité plus concrète, avec un possible basculement du Parlement européen. Ce changement pourrait avoir des implications significatives sur la politique européenne, affectant la stabilité régionale et les relations internationales.
Le conflit en Ukraine, avec la Russie dirigée par un Poutine largement réélu, devrait persister, s'enlisant dans une impasse prolongée. Au Moyen-Orient, bien qu'un calme relatif puisse prévaloir dans le conflit israélo-palestinien, la région restera une source de tensions potentielles.
Le risque de coups d'État en Afrique subsaharienne pourrait rester élevé, avec des pays comme le Mali, la Guinée, le Burkina Faso, le Niger et le Gabon ayant récemment connu des prises de pouvoir militaires. La vulnérabilité à de tels événements dépendra de divers facteurs internes et externes.
Aux États-Unis, la période post-électorale de 2024 pourrait être marquée par un désordre politique et social. En effet, quel que soit le résultat de celle-ci, il risque d'être contesté par l'opposition. Cette situation pourrait influencer la politique étrangère américaine et avoir des répercussions sur les relations internationales.
Cette accumulation de tensions pourrait continuer d'opposer durablement le Sud Global au camp occidental dans l'échiquier géopolitique mondial. Un climat géopolitique détérioré pourrait entraîner une augmentation du terrorisme et de la violence politique, impactant la sécurité dans diverses régions du monde.
En résumé, 2024 pourrait être une année de tempêtes géopolitiques, avec des enjeux complexes et interconnectés qui façonnent le paysage international.
J’ai eu l’occasion d’enregistrer un épisode de TRENDSPOTTING avec Guy-Philippe Goldstein en octobre dernier, sur les tendances géopolitiques et économiques à venir. Il a inspiré ces scénarios. Ecouter le podcast
Et en matière de climat ?
Bonne nouvelle !
Les émissions mondiales de gaz à effet de serre semblent s'approcher de leur apogée, et il apparaît que nous nous dirigeons enfin vers un point d'inflexion. La Chine, acteur majeur de ce changement, pourrait surprendre en atteignant son pic d'émissions plus tôt que prévu, grâce à son engagement renforcé en faveur des énergies renouvelables. C'est une progression notable, qui illustre un découplage progressif entre la croissance économique et les émissions de CO2, en particulier dans les pays émergents où l'intensité carbone de l'économie diminue.
Mauvaises nouvelles !
Cette lueur d'espoir est assombrie par le fait indéniable que, en raison de l'effet retard des émissions de la dernière décennie, les températures mondiales continuent de grimper. Les prévisions pour 2024 sont inquiétantes et pourraient voir des records de chaleur, exacerbés par des phénomènes tels qu'El Niño. Les efforts actuels, bien que louables, demeurent insuffisants pour respecter les engagements de l'Accord de Paris, et le compte à rebours est lancé pour atteindre un bilan émissions zéro d'ici 2050, un objectif crucial pour contenir le réchauffement à 1,5 °C par rapport à l'ère préindustrielle.
Plus près de nous, de possibles épisodes de canicules ou de crues cet été pourraient avoir des conséquences désastreuses et mal anticipées lors des Jeux Olympiques de Paris.
En synthèse
L'année 2023 a été intense, et 2024 s'annonce encore plus chargée. Nous pourrions qualifier cette année de superlative. Nous devrions assister à :
des gains significatifs en termes de productivité,
un impact social majeur de l'intelligence artificielle,
une amélioration de la situation économique dans le monde,
une accélération de la croissance verte,
une reconfiguration de l'équilibre géopolitique,
une montée en puissance du terrorisme et des conflits régionaux,
une victoire du populisme en Europe,
un déclin de la démocratie,
et une augmentation des catastrophes naturelles.
Voici, en quelques mots, les tendances qui me semblent les plus plausibles pour 2024.
Un autre phénomène risque de prendre de l'ampleur avec la montée de l'extrême droite en Europe et l'érosion lente mais constante de la démocratie : l'effet boomerang du wokisme. J'avais déjà mentionné dans la synthèse du dernier opus de la conférence TED à Vancouver en 2023, l'émergence d'un signal faible de ce contrecoup dans la société américaine. Il est fort probable que nous assistions à une accumulation de phénomènes de rejet radical des politiques égalitaires, des luttes contre les inégalités et les injustices liées à l'identité, qu'elles soient ethniques, de genre ou d'orientation sexuelle. À ce titre, je vous invite à (re)lire l'excellent essai de Juan Enriquez, "Right/Wrong", qui met en lumière les fluctuations de plus en plus rapides de notre rapport au bien et au mal. Sa thèse se résume au fait qu'il fallait un siècle ou deux pour que le bien devienne mal et qu’il ne faut désormais qu'une génération, voire moins. Ce phénomène s'accélère au point de brouiller notre rapport à l'éthique et à la morale comme jamais auparavant dans l'histoire de l'humanité.
Je suis convaincu que nous aurons l'occasion d'en débattre en 2024.
Pour aller plus loin
L’ensemble de ces scenarios sont à la base des Serious Game que je propose aux équipes de directions des organisations publiques et privées.
il s’agit de simuler les crises en immersion pour s’y préparer et développer une culture de la résilience. Découvrir le Serious Game
Chaque année, j’organise une expérience exclusive pour une délégation d’une dizaine de décideurs français à TED Vancouver (la conférence mère et historique). En savoir plus
Sur ce, je vous souhaite une année pleine de rebondissements et surtout le meilleur pour vous et vos proches.
Michel Levy Provençal